Certaines choses, malheureusement, ne changent pas. L’une d’entre elles est la réaction qu’ont les autres clubs français vis-à-vis de leurs camarades évoluant dans la Principauté.
Durant la semaine qui vient de s’écouler, un certain nombre de présidents de club, y compris Frédéric Thiriez, le président de la Ligue Française, ont soulevé la question des avantages que Monaco retirerait de son régime fiscal (il est intéressant de noter, d’ailleurs, que Thiriez a fait ce commentaire juste avant sa réélection – l’argument ne serait-il donc pas plus démagogique que sérieux ?)
En réalité, il est difficile d’imaginer que ce commentaire puisse être pris au sérieux par qui que ce soit. D’abord, le sujet n’est pas vraiment nouveau. Depuis que Monaco est devenu un club professionnel à temps plein, l’ASM FC a toujours évolué au sein des structures du football français.
Bien évidemment, personne ne
contestait l’avantage spécial de Monaco lorsque le club était en passe de se
faire reléguer en Ligue 2, et encore moins quand il occupait la vingtième place
du championnat de Ligue 2. À l’époque, le club n’était pas vraiment avantagé,
n’est-ce pas ? Bien sûr, la question est à nouveau soulevée maintenant, au
moment où le club semble à nouveau sur le chemin de la réussite.
Cet argument est par conséquent dénué
de sens et n’est pas la raison pour laquelle le club s’est récemment amélioré.
La raison pour laquelle Monaco semble être à nouveau un club de gagnants repose
sur un encadrement plus professionnel de l’équipe et du club, sur l’investissement
fait dans les joueurs et, surtout, sur la nouvelle atmosphère de confiance qui
y règne.
Un autre point montre clairement que
le régime fiscal avantageux n’est qu’un miroir aux alouettes : à
l’insistance du gouvernement français, les citoyens français ne peuvent pas
bénéficier d’un impôt zéro sur le revenu.
Toutefois, beaucoup des plus grands joueurs de l’histoire de Monaco
étaient français – les Giuly, Henry, Trézéguet, Barthez, Evra et consorts…
Aucun d’entre eux n’était là pour l’allègement fiscal ! Et ce n’est pas
non plus le cas de l’actuelle « épine dorsale » française de l’équipe
monégasque : Valère Germain, Gary Coulibaly et les autres.
Peut-être que ce qui montre le mieux
que l’argument fiscal n’a aucun sens est le fait que chaque club français a des
avantages qui lui sont propres, liés à sa situation géographique, son histoire
et ses supporters. Le PSG est basé dans la capitale, avec des millions de
supporters potentiels ; Nice est idéalement situé pour attirer des fans
venant de toute la Côte d’Azur ; Marseille et Saint-Etienne ont depuis
longtemps des supporters dans toute la France, bien au-delà des régions dans
lesquelles ils sont établis.
Monaco n’a pas ces avantages là. En réalité, comme le sait tout amateur de football français, le club a, même en période de prospérité, du mal à remplir le stade Louis II – bien que la fréquentation soit en nette amélioration. Nous n'aurons ainsi jamais les mêmes opportunités de recettes que les autres clubs.
Alors que veulent vraiment Thiriez et les autres présidents ? Un système qui "handicape" chaque équipe selon ses avantages naturels ?! Il est évident que cela dépasserait les frontières du ridicule. Qui déciderait des pénalités ou impôts supplémentaires à appliquer en fonction d'un grand nombre de supporters, d’un grand stade, d’impôts locaux peu élevés, d’une reconnaissance ancrée de l'importance de la marque? Sur quelles bases seraient calculées ces pénalités ?!
Le sport est avant tout une question de compétition libre. Si nous faisons en sorte de favoriser cette liberté dans la compétition, nous aurons un football bien plus passionnant. Cela devrait être le but de toute personne impliquée dans le football français, et celui de tout supporter.
Les règles de fair play financier de l’UEFA seront déjà une contrainte très forte pour tous les clubs qui cherchent à participer aux compétitions européennes (ce qui sera très certainement le cas de Monaco à l’avenir). Ce serait de la folie que d’y superposer des règles supplémentaires.
Le football français devrait tâcher d’inciter les meilleurs joueurs français et étrangers à rejoindre ses ligues, et non créer encore plus de règlements et règles fiscales complexes qui vont les rebuter.
Malheureusement, de nombreux grands joueurs français – come Ribéry, Evra, Benzema, Clichy – jouent encore hors des frontières de l’hexagone… Imposer plus de règles n’est pas un moyen de les y attirer de nouveau !
En fin de compte, tous les clubs ont des forces et des faiblesses qui leur sont propres. Acceptons donc cela, et que le jeu continue!
Vive la différence!